Môôôôdit!

Il y a des jours comme ça où la moindre maille semble se liguer contre vous par pure malice. Des jours où on aurait mieux fait de ne jamais toucher ces fichues aiguilles et d'aller buller tranquillement ailleurs en oubliant même qu'on a tricoté quoi que ce soit. Ce jour, pour moi, c'était hier.

Tout avait bien commencé pourtant: une brocante pour bien démarrer mon dimanche, un lot de dix pelotes de laine Pingouin 30% alpaga pour 6 euros (je ne sais pas ce qu'elle vaut, mais à ce prix-là ça se tente), un repas familial comme on les aime... Puis: la malédiction (musique angoissante de film d'horreur à insérer ici).

Une maille de mon Haruni a mystérieusement disparu, pouf, comme ça! Evaporée! Tout allait bien, et soudainement il manque un petit quelque chose. Evidemment mon fil de survie se trouve 10 rangs plus tôt, j'ai environ 200 mailles sur les aiguilles, et j'ai la flemme de tout détricoter. Juste la force de pleurnicher pendant dix bonnes minutes sur cette saleté qui fait rien qu'à m'embêter et les jetés qui font rien qu'à se cacher pour tout plomber mon organisation parfaite, avant de doubler une maille l'air de rien pour retomber plus ou moins juste, en croisant les doigts pour que l'erreur ne soit pas trop flagrante. Je me suis justifiée en clamant qu'après tout, c'est mon premier châle, que je le fais en acrylique pour ne pas mettre en danger un fil trop précieux, et que pffff, personne ne le verra à part moi, si ça se voit. Camouflage avec la truelle de la mauvaise foi, donc. Je sais très bien que quand il y a une erreur, MOI je ne vois que ça, même si elle est invisible pour le reste du monde.

Pour me remettre, je décide de commencer un textured shawl avec mon eco-alpaca tout neuf, alors que je m'étais promis de ne pas commencer un nouveau tricot (et que je l'avais promis à l'Homme aussi, d'ailleurs). J'ai monté mes mailles en cachette avant de l'entendre tonner de sa grosse voix terrifiante: "QU'EST-CE QUE C'EST QUE CA?" . Toute recroquevillée sur le canapé, je bafouille que mais-tu-sais-mon-amour-je-n'avais-plus-de-tricot-télé-pour-regarder-des-films-avec-toi-mon-chéri-que-j'aime, je bats un peu des cils (j'ai déjà dit que je battais très bien des cils), j'ignore superbement son long soupir lourd de sous-entendus et de lassitude, et je me lance en aiguilles 5,5mm, sagement, comme sur le modèle. Mouais. Sauf que ça me semble bien lâche, tout ça. C'est pas grave, je continue. J'aligne les jolis bâtons sur ma feuille blanche (OUI je compte mes rangs avec des petits bâtons, je fais ce que je veux, je suis une grande débutante, je m'assume parfaitement). J'arrive malgré tout à faire 6 rangs de points texturés au lieu de 16. Je ne suis même plus capable de compter des bâtons, bon sang!

Après de très longs chapelets d'insultes à mon adresse, des soupirs, des gémissements et des plaintes (que l'Homme a superbement ignoré, plongé dans un film qu'en fin de compte je n'ai pas du tout regardé avec lui malgré mon beau tricot-télé tout neuf - ce qui prouve que je ne suis absolument pas fiable), j'ai découvert que tricoter de l'alpaga, c'est génial et doux, mais que détricoter de l'alpaga,  ça s'apparente à un supplice moderne, un peu comme écouter une compilation NRJ en boucle pendant que des djeuns dansent la tektonik autour de vous d'un air féroce.

J'ai tout recommencé, en 5mm cette fois, et c'est déjà beaucoup plus joli. Mais j'ai encore mal au bras, avec toutes ces bêtises. J'aurais plutôt dû me passionner pour le taillage des bonzaïs ou le taï-chi. Le tricot, c'est vraiment un truc de psychopathe, quand tout va mal comme ça.

Si vous connaissez un bon exorciste, je suis preneuse.

Comments

[rachel]

ooh oui cela arrive...mais surtout pas s'enerver...il finit toujours a avoir le dernier mot...cet ouvrage...ou ces ouvrages qui ont decide de te pourrir ton activite preferee...;O)

[mg1970]

Ca s'appelle la loose du tricot, je suis spécialiste du quand-ca-veut-pas-ca-veut-pas alors je connais bien tu penses! :):):):) je connais un marabout si tu veux??? :):):):)