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Passages Laineux
28 avril 2010

La torsade du bûcheron

Il s'agissait de faire passer la pilule à l'Homme lors de ma première expédition à la Lainière de Wazemmes. Lâchez une gosse dans un magasin de jouets, et vous imaginerez à peu près le tableau: moi en train de glapir devant chaque pelote, de courir dans tous les sens, de prendre, de reposer, de toucher, de câliner, le tout devant l'Homme circonspect qui se demandait vraiment quel alien psychotique avait pris possession du corps de sa douce et tendre. Battements de cils (je bats très bien des cils), sourire innocent et charmeur: " Je vais faire un pull pour toi aussi, mon chéri!". Ha ha! Je l'ai bien feinté!

Précisions nécessaires: l'Homme est grand. Très grand. Taillé comme un solide bûcheron canadien, la hache et la chemise à carreaux en moins. J'étais plus que novice en tricot, et je venais enfin d'apprivoiser le jersey pour les besoins de la robe-pull en cours. Ma première réaction de grande idéaliste fut: "je vais te tricoter un irlandais, c'est joli les irlandais, non?" Jeune sotte que j'étais!

En découvrant la grille d'un irlandais sur internet, j'ai failli avaler mon café de travers et tomber de ma chaise. Quel crétin avait écrit les instructions en cunéiforme? C'était quoi, ce truc, ces sigles obscurs dans tous les sens, et ces abréviations humiliantes auxquelles je ne comprenais rien? Il fallait que je m'enveloppe nue dans du jambon et que je massacre une poule noire à un carrefour, un soir de pleine lune?

- Finalement, un pull avec une grosse torsade, c'est pas mal, non?

Heureusement qu'il n'est pas compliqué. Heureusement que je suis tombée sur un modèle qui lui convenait parfaitement, aux explications claires et détaillées pour les petites souris idéalistes aux yeux plus gros que le ventre. Et heureusement que j'ai de la patience (C'est faux, en fait. Je n'ai aucune patience. Mais je suis têtue comme une mule.)

Après de longs chapelets d'insultes à l'adresse de mes aiguilles et des journées d'acharnement, la Bête était née.

Pull

MOUHAHAHA! Trop facile. Non mais franchement, pour qui me prend-on? Je fais ça les yeux fermés, en pleine nuit, en résolvant des équations du deuxième degré. Je suis une déesse du tricot, et je ne le savais même pas!

(C'est faux aussi. Mais chut.)

En tout cas je ne me lasse pas de l'admirer (le pull. Enfin, l'Homme aussi, mais c'est une autre histoire. L'Homme portant le pull, c'est encore mieux, il a gagné au moins 20 points de charisme). Il fait même semblant de l'adorer et le porte tout le temps, juste pour me faire plaisir. Tout ce qu'il a gagné, c'est que je lui en ferai un autre, un jour. Mais pas tout de suite. J'ai failli mourir d'ennui avec ces rangs interminables de côtes 4/3.

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Commentaires
M
Je suis admirative, bravo! moi j'oserai jamais me lancer dans un pull d'homme (faudrait déjà que j'en ai un d'homme) et encore moins de ce gabarit!! :):):)
R
ah le pull pour homme..ce sont quand meme les pires...tellement looooong...mais celui-la est tout genial!
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